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CÉRAMIQUE I | Design et art contemporain | 2013

Makiko Nakamura, Because it's so heavy, 2011

CÉRAMIQUE I
Béatrice Durandard, Chris Kabel, Thomas Koenig & Adrien Chevalley, Tomas Kral, Nicolas Le Moigne, Makiko Nakamura, François Ruegg, Matteo Zorzenoni, Dimitri Bähler, Martin Hyde, Bitossi
Exposition du 18 octobre au 21 décembre 2013.

L’exposition de céramique à la galerie Kissthedesign propose d’explorer les différentes facettes du matériau céramique à travers le prisme du design.
La galerie a invité une sélection de designers contemporains tels que Nicolas Le Moigne, Chris Kabel, Tomas Kral, Béatrice Durandard, Matteo Zorzenoni et Dimitri Bähler à présenter ou à concevoir des projets utilisant la céramique. Le résultat est une collection d’objets utilitaires et décoratifs, vases, lampes, plats démontrant la versatilité de la céramique et son potentiel créatif. Intéressée par le côté ornemental voire fictionnel du matériau et de la technique, la galerie a voulu un dialogue entre design et art en invitant également des artistes et des céramistes, tels que Makiko Nakamura, François Ruegg, Martin Hyde, Thomas Koenig et Adrien Chevalley, qui développent une production artistique en céramique avec des pièces uniques sans pour autant dédaigner l’objet utilitaire.

Il ne s’agit pas d’un état des lieux de la céramique contemporaine, mais d’une approche ciblée et partiale s’intéressant au potentiel décoratif, luxueux et narratif du matériau à travers les regards de designers dont ce n’est pas forcement le seul outil de travail et d’artistes qui à partir des connotations de la céramique et de la porcelaine développent des univers précieux ou s’en amusent.

Une sélection de céramiques de l’éditeur italien historique Bitossi, que la galerie Kissthedesign distribue en exclusivité à Lausanne,  accompagne l’exposition notamment avec des pièces d’Ettore Sottsass, Nathalie Du Pasquier, Arik Levy, etc, dont plusieurs en édition limitée, ainsi qu’un petit shop présentant des objets édités des designers et les Kawaii Skulls de Martin Hyde

C’est le minimalisme qui prime dans les créations des jeunes designers Béatrice Durandard et Tomas Kral, tout deux diplômés de l’ECAL à Lausanne.

La designer française Béatrice Durandard (*1985), récemment finaliste à la Design Parade 8, Villa Noailles, Hyère, est reconnue pour ses luminaires. Grâce à de nombreuses récompenses (fondation Ikea, etc) elle a pu dessiner une importante série de lampes qui ont toute en commun l’utilisation des LED et des lignes pures et minimales, il en va de même pour son projet conçu pour l’exposition. La lampe L’assiette est une structure en aluminium laqué noir soutenant une fine plaque de céramique ronde qui reflète la lumière. Il y a là l’efficacité formelle d’un Gino Sarfatti, grand créateur de lampe du XXe, avec en plus une technicité toute contemporaine.
Béatrice Durandard jeune designer freelance établie à Lausanne collabore avec plusieurs éditeurs, dont ACE, Habitat et Roche Bobois, elle a récemment exposé une installation lumineuse à la Placette à Lausanne.

Tomas Kral (*1979) travaille régulièrement avec la céramique, plusieurs de ces productions sont d’ailleurs éditées (l’exposition en montrera un aperçu). Plutôt habitué des formes fluides teintées d’humour, Tomas Kral surprend avec une nouvelle création très graphique et minimale, en effet le plat à fruit GRID réalisé avec le céramiste fribourgeois Peter Fink et produit en édition limitée pour Kissthedesign est une véritable œuvre d’art géométrique alliant lignes droites, respect de la matière et fonctionnalité. C’est entre le vide et le plein que se dessine la forme, mais c’est aussi là que le fruit trouve sa place.
Tomas Kral, designer d’origine slovaque, a ouvert son studio en 2009 à Lausanne et enseigne à l’ECAL. Il bénéficie depuis quelques années d’une excellente presse avec de nombreux projets publiés et édités par entre autres Super-ette, PCM, Foundry, Christofle, etc. Son travail a souvent été exposé dans des galeries internationales de design (Helmrinderknecht, Libby Sellers, Kreo, etc)

Les designers Chris Kabel, Nicolas Le Moigne, Matteo Zorzenoni et Dimitri Bähler quant à eux ont une approche poétique voire conceptuelle du média céramique.

Ainsi le designer néerlandais Chris Kabel (*1975) crée une boucle conceptuelle avec son Money Vase dessiné en 2006 dont le prix devient littéralement de la décoration et en ajoute de la valeur. Chris Kabel pastiche ici de manière décorative le marché capitaliste du design et propose une réflexion sur la création de valeur. L’exposition présente deux éditions différente du vase, la noire non limitée et la platine limitée à 30 exemplaires.
Chris Kabel est professeur de design à la Design Academy d’Eindhoven (dont il est diplômé) et à l’ECAL, il travaille depuis plusieurs années avec des galeries dont entre autres Tools et la galerie Kreo à Paris

Nicolas Le Moigne (*1979), actuellement à la tête du MAS Luxe de l’ECAL, collabore régulièrement avec des galeries pour des productions plus expérimentales en édition limitée, notamment avec Helmrindnerknecht à Zürich, Libby Sellers à Londres, NextLevel à Paris et depuis cette année également avec la galerie Kissthedesign à Lausanne.
Pour l’exposition, Nicolas Le Moigne depuis longtemps intrigué par l’extrudeuse découverte dans l’atelier de Peter Fink avec lequel il collabore pour tout ses projets de céramique, a pensé la lampe Knot autour de cette technique. La lampe entièrement en céramique est composée d’une base extrudée, enroulée et nouée à la main et d’un abat-jour plat. Le cable ici complètement assumé s’insère dans la partie extrudée et suit le nœud de la base, de couleur vive turquoise, il devient partie intégrante du design et son élément graphique. Comme souvent pour ses éditions limitées, Nicolas Le Moigne joue avec les contrastes entre des éléments manufacturés, reproductibles à l’identique et les imperfections qui font le charme du fait main. Le travail est artisanal et chaque pièce unique

Le designer italien Matteo Zorzenoni (*1978) produit du mobilier, des luminaires et des accessoires pour de grandes marques, telles que Cappellini, Mercedes Benz, Bosa Ceramiche, Alcantara, et des éditions limitées pour des galeries. Alors qu’il était consultant pour Fabrica, le Benetton Design & Communication Research Center il rencontre Jaime Hayon avec qui il continue de collaborer. Basé dans le nord de l’Italie riche en artisanat spécialisé de design, Matteo Zorzenoni met à profit ces nombreux savoir faire pour ses projets et combine les matériaux avec beaucoup de poésie. Le vase Ninfea et la lampe spécialement réalisée pour l’exposition associent l’opacité de la céramique avec les jeux de transparence du verre teinté.

Dimitri Bähler (*1988), jeune designer suisse diplômé de l’ECAL, présente Patterns & Colors,  nominé au Design Parade 8 à la Villa Noailles de Hyère. La technique d’emboutissage qu’il a développé pour ce projet, pendant une résidence au centre europééen de la céramique à Den Bosch aux Pays-Bas, permet d’appliquer des motifs sur des volumes en combinant texture et couleur des émaux grâce à une feuille de latex. Les pièces ainsi produites sont uniques car la feuille de latex étant plus grande que la forme, le motif est toujours un peu différent, comme de petits tableaux en relief au dessin graphique et abstrait.

La céramique est aussi souvent expérimentale, ces objets sculpturaux deviennent alors des pièces uniques d’art décoratif, comme le démontrent les travaux des céramistes François Ruegg et Makiko Nakamura. Dans un mouvement inverse, certains artistes, à l’image de Thomas Koenig, Adrien Chevalley ou Martin Hyde, s’essaient à l’objet utilitaire ou le détournent.

François Ruegg est un céramiste installé à Yverdon actif depuis les années 80 dans le milieu de la céramique. Lauréat de nombreux prix, il est notamment membre de l’Académie Internationale de Céramique et de l’Association de Céramique Suisse et a enseigné au cfpaa – arts appliqués de Genève (section céramique) ainsi qu’à l’ Université des arts plastiques à Caracas. Son travail a souvent été exposé en galerie, dans des musées et événements internationaux et a intégré plusieurs collections publiques, dont celle du Mudac à Lausanne.
L’exposition présente ses Contre nature morte, magnifiques sculptures au dessin à la fois organique et abstrait obtenu par l’emballage de fruits et légumes disposés en nature morte. Véritables objets de désir, luxueux grâce à une finition platine, ils dégagent ambiguïté et sensualité.

L’artiste céramiste japonaise Makiko Nakamura (*1982), diplômée en master du Royal College of Art de Londres en 2011, crée des pièces en porcelaine à l’univers fantastique et féerique. Sa production est résolument narrative, que ce soit sa vaisselle ou ses projets artistiques. Un style personnel affirmé et d’une finesse admirable qui lui ont rapidement offert de belles opportunités telles qu’entre autres des collaborations avec Alexander McQueen.
Ses créations ornementales racontent des histoires merveilleuses et transcendent le quotidien

Les artistes veveysans Thomas Koenig (*1983) et Adrien Chevalley (*1987), adeptes du détournement, appréhendent les objets du quotidien de manière ludique et s’attaquent à la régularité de l’objet manufacturé avec de la customisation presque sauvage. Ainsi un vase un peu kitsch chiné en brocante devient une œuvre d’art abstraite, on reconnaît son aspect d’origine mais sa fonctionnalité est entravée.
Thomas Koenig et Adrien Chevalley tous deux diplômés en master de la HEAD de Genève, collaborent depuis 2012 sur des projets d’installations et d’expositions mêlant céramique, dessin et installation (Good Life, Zürich, etc)
Par ailleurs la galerie Kissthedesign a présenté le travail de Thomas Koenig en exposition personnelle en 2011.

L’artiste canadien Martin Hyde (*1975) diplômé en 2007 de la Villa Arson, Ecole nationale supérieure des beaux arts de Nice et en 2008 d’un postgrade à la HEAD de Genève, présente sa récente production de céramique s’inspirant du style de la porcelaine chinoise et de Delft. Parfois clairement utilitaire, ces objets vases, assiettes, coupes deviennent les supports de motifs surréel et étrange à la fois issus de la culture populaire, la culture alternative et propres à l’univers créatif de l’artiste. Il s’agit d’opérer un subtil décalage par rapport à la réalité du fait de sa fausse ressemblance avec de l’ornementation traditionnelle de porcelaine et offrir ainsi une expérience déstabilisante et subversive avec des objets du quotidien.
Martin Hyde dont la production artistique va de la vidéo à l’objet en passant par l’installation et la peinture est régulièrement exposé en Suisse et en France (FRAC Languedoc Roussillon, Yet Projects, Genève, etc.)